15 mai 2012

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Disez-lé pas trop fort, mais... depuis une couple de semaines, j'ai décidé de pu mettre mon ti-carré rouge pour sortir de chez nous.

Cé parce que... ben, j'commence à avoir peur.

Le monde me regarde croche dans rue. Les bébés se mettent à pleurer quand qu'y me voyent. Monsieur Germain me traite de maudit communisse. Madame Monfette, qui joue tout l'temps du tam-tam su sa galerie, me fait des clins-d'œil. La madame du Wall-Marde me demande même pu si j'ai trouvé toutte c'que je cherchais!

Pis tsé, je l'sais pu trop quessé penser. J'les aimais ben, les jeunes, mais là, y vont trop loin. Y mettent des cagoules pis y garrochent des briques en feu dins vitrines pis y se mettent à pouèl devant les polices. Le bordel est en train de pogner dans toutte la patente. Ça sent pas bon. Cé comme rien, betôt, y'a quelqu'un en quette part qui va se casser quette chose. Ça va saigner, ça va saigner rouge, rouge comme leurs ti-carrés. Entéka, si vous m'créyez pas, tcheckez le Journal de Mourial, pis j'vous garantis que vous autres avec, vous allez avoir la chienne comme moé.

Pis à part de t'ça, chu jusse pu capable de pas être d'accord avec Richard Martineau! Mon monde est toutte reviré à l'envers! Chu toutte mêlé! Chu en train de devenir toutte c'que j'ai toujours détesté! Quissé que chu, moé? Oussé que chu rendu? Quessé qui se passe? Y'oussé de pour de comment de quessé?

Ça peut-tu finir par finir, toutte cette mautadine d'histoire-là, qu'on puisse recommencer à boire not' bière pis manger nos hordoyes tranquilles?

Cé ben platte à dire, mais mon ti-carré rouge, astheure, y va rester dans le garde-robe.

Rodrigue